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«[Chez les Esquimaux] tout appartient au groupe, hormis les instruments de chasse individuels. La famille, cellule de base, se fond dans le groupe dont la loi transcende toutes les règles. L’homme ainsi protégé réserve en retour à la société sa force et sa pensée. L’enfant est sans nom de famille. Il est plus un enfant du groupe que de ses parents. La famille n’est qu’une commodité de regroupement toute provisoire. La promiscuité sexuelle – d’un sens procréatif certain - a aussi pour but de corriger ce que le couple peut avoir d’aliénant pour les parties dans un esprit de possession réciproque. Chaque conjoint appartient au groupe et il est bon, dans un esprit d’unité politique, que le couple soit, de temps à autre, cassé. (…) Un système de rotation quinquénale des habitations empêche ensuite chez les Esquimaux Polaires l’appropriation, par de grandes familles et leur clientèle, de secteurs clefs. Aucune accumulation de biens ou de tributs n’est tolérée. Civilisation égalitaire et ennemie du profit, cette société répartit, distribue, répartit aussitôt ce qu’elle produit. La crainte de laisser place, si peu que ce soit, au processus inégalitaire, conduit à n’autoriser l’autorité qu’à titre temporaire. L’autorité n’est que déléguée. De peur qu’elle ne se concrétise dans la durée, elle n’est acceptée que dans des opérations précises et courtes.»

Jean Malaurie in Ethnologie régionale II, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, p. 1100

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Page mise à jour le 19 décembre 2007 à 16h50