La fin de la loi
En 1164, Hasan-i Sabbâh II qui régnait à Alamût sur la secte des assassins d’Iran, proclama le millenium. S’adressant aux «habitants des mondes, djins, hommes et anges» et prétendant recevoir des instructions de l’imam caché, il annonça en plein ramadan la fin de la loi sacrée. Tous devaient jouer de la harpe et de la flûte et boire du vin. Dieu étant dans le cœur de chacun, les pratiques de la dévotion étaient abolies. En faisant des fidèles ses serviteurs personnels, il les préservait du péché, les sauvait de la mort et les conduisait vivants au paradis de la connaissance. Pour imposer la liberté à ceux qui persistaient à vouloir respecter la loi, il usa des châtiments précédemment destinés aux infidèles: ils étaient torturés et mis à mort par lapidation.
En Syrie, Sinân mis en application la doctrine du souverain perse, au point que les plus exaltés «s’abandonnèrent à l’iniquité et à la débauche et se donnèrent le nom de “purs”. Hommes et femmes se réunissaient pour boire, les hommes ne respectaient ni leurs sœurs ni leurs filles, les femmes portaient des vêtements d’homme, et l’un d’entre eux déclara que Sinân était son Dieu.»1
Hasan-i Sabbâh II fut assassiné en 1166. Son fils Muhammad lui succéda en perpétuant la doctrine de la «résurrection». Après sa mort par empoisonnement en 1210, son successeur Jalâl al-Dîn rétablit la loi et les rites de la charia.
1 Kamâl al-Din’s, Zubda, 1666, cité par Bernard Lewis (↑)
Bibliographie
Bernard Lewis, Les Assassins, terrorisme et politique dans l’islam médiéval, 1967