«N’imaginez pas de faire de bons républicains tant que vous isolerez dans leurs familles les enfants qui ne doivent appartenir qu’à la république. En donnant là seulement à quelques individus la dose d’affection qu’ils doivent répartir sur tous leurs frères, ils adoptent inévitablement les préjugés souvent dangereux de ces individus; leurs opinions, leurs idées s’isolent, se particularisent et toutes les vertus d’un homme d’État leur deviennent absolument impossibles. Abandonnant enfin leur cœur tout entier à ceux qui les ont fait naître, ils ne trouvent plus dans ce cœur aucune affection pour celle qui doit les faire vivre, les faire connaître et les illustrer, comme si ces seconds bienfaits n’étaient pas plus important que les premiers! S’il y a le plus grand inconvénient à laisser des enfants sucer ainsi dans leurs familles des intérêts souvent bien différents de ceux de la patrie, il y a donc le plus grand avantage à les en séparer; ne le sont ils pas naturellement par les moyens que je propose, puisqu’en détruisant absolument tous les liens de l’hymen, il ne naît plus d’autre fruit des plaisirs de la femme que des enfants auxquels la connaissance de leur père est absolument interdite, et avec cela les moyens de ne plus appartenir qu’à une même famille, au lieu d’être, ainsi qu’ils le doivent, uniquement les enfants de la patrie?»
D.A.F. de Sade, dans Français, encore un effort si vous voulez être républicains, in La Philosophie dans le boudoir, 1795.
Sade décrit également les vertus de ce principe dans Aline et Valcour (1786):
«Les enfants éloignés de la maison paternelle, point d’inceste; soigneusement élevés, toujours sous les yeux d’instituteurs sûrs et honnêtes… points de viols. Peu d’adultère, au moyen du divorce. (…) Point d’infanticide: pourquoi se déferait-on de ses enfants, quand ils ne sont jamais à charge, et qu’on n’en peut retirer que des secours?»