Les pirates
De la clandestinité des pirates découle la rareté des documents les concernant. Les principaux témoignages que l’on retrouve sont ceux des autorités qui les combattaient.1 Cette méconnaissance fut propice aux projections les plus romantiques, prêtant à ces communautés de mutins, de prisonniers évadés ou d’esclaves fugitifs, un projet politique probablement inexistant.
L’organisation sociale la plus aboutie a pour nom «Libertaria». Nul ne sait si cette enclave mythique, décrite par Daniel Defoe,2 a bel et bien existé. Dans cette colonie pirate, située quelque part au nord de Madagascar, aurait été pratiqués le partage égalitaire du butin, la communauté des terres et la rotation des chefs.
1 Cette observation s’applique à la plupart des mouvements réprimés. Raoul Vaneigem évoque ainsi les révoltes millénaristes en s’appuyant sur les textes des inquisiteurs (Raoul Vaneigem, Le mouvement du libre esprit, 1986) (↑)
2 Daniel Defoe, L’histoire générale des plus fameux pyrates, 1724–1728 (↑)