Le potlatch
«Le potlatch est comme le commerce un moyen de circulation des richesses, mais il exclut le marchandage. C’est, le plus souvent, le don solennel de richesses considérables, offertes par un chef à son rival afin d’humilier, d’obliger. Le donataire doit effacer l’humiliation et relever le défi, il lui faut satisfaire à l‘obligation contractée en acceptant : il ne pourra répondre, un peu plus tard, que par un nouveau potlatch, plus généreux que le premier : il doit rendre avec usure.
Le don n’est pas la seule forme de potlatch : un rival est défié par une destruction solennelle de richesses. La destruction est, en principe, offerte à des aïeux mythiques du donataire : elle diffère peu d’un sacrifice. Encore au XIXe siècle, il arrivait qu’un chef tlingit se présenta à quelque rival pour égorger devant lui des esclaves. A l’échéance donnée, la destruction était rendue par la mise à mort d’un nombre d’esclaves plus grand.»
Georges Bataille, La part maudite, 1949
Marcel Mauss1 nous indique que le potlatch était présent dans de nombreuses cultures et notamment en Mélanaisie, en Papouasie et au nord-ouest de l’Amérique du Nord, où l’on rencontrait sa forme la plus radicale. Il ajoute que le potlatch a probablement été pratiqué en Europe avant que les grecs et les romains ne séparent la vente du don et de l’échange.
1 Marcel Mauss, Essai sur le don, forme et raison de l’échange dans les sociétés archaiques, 1923, in Marcel Mauss, Sociologie et anthropologie, 1950 (↑)